Lancement de campagne

Accès aux études, à l’emploi, à la culture, au sport : plus une seule journée ne passe sans que des offensives islamophobes ne stigmatisent une partie de la population, exclue du corps social du fait de son appartenance religieuse.

Du simple regard méprisant, aux remarques insultantes sur la taille d’une barbe ou d’une robe en passant par les discriminations à l’embauche, et les stratégies d’évitement adoptées par de nombreuses femmes musulmanes, décidant d’envoyer des CV sans photo lorsqu’ elles portent le hijab…. Tant d’actes du quotidien qui témoignent d’une chose, l’islamophobie est un racisme structurel qui va de la violence symbolique continuelle, aux actes physiques violents.

Alors aujourd’hui, nous lançons une campagne :

« Génération Espoir, Dignité, Résistance : faire front contre l’islamophobie. »

Notre génération ne peut pas accepter que certains d’entre nous soient considérés comme des sous-citoyens, à qui les libertés fondamentales de croire, de pratiquer une religion, ou d’exister dans l’espace public sont niées. Notre génération doit être celle de l’égalité des droits pour tous, comme l’ont porté nos ainés en 1983. Notre génération doit ériger la dignité comme valeur fondamentale, à un moment où, par un discours violent porté par tout le système, la communauté musulmane est chaque jour désignée comme un ennemi de l’intérieur.

Notre génération doit renverser ce sentiment de résignation, pour porter le projet d’une société d’espoir et de solidarité, et pour ce faire, un bilan est nécessaire.

En 2005, la mort de Zyed et Bouna marquait un tournant dans le rapport du pouvoir à la jeunesse issue de l’immigration postcoloniale, parquée en banlieue et abandonnée par l’État.

Et depuis, de la Marche pour la Dignité de 2015 à la Marche contre l’Islamophobie de 2019, des soulèvements au Palais de justice de Paris pour réclamer justice pour Adama, aux révoltes urbaines après la mort de Nahel, toute une jeunesse s’est emparée de l’antiracisme pour la réimposer au cœur de nos mouvements sociaux. Mais malgré ces mobilisations, les Retailleau, Bolloré ou Bardella continuent leur avancée, menaçant ainsi de bouleverser la vie de beaucoup d’entre nous en s’attaquant d’abord à nos libertés.

Alors maintenant, quelles perspectives ?

Nous faisons le choix avec cette campagne de dépasser nos cadres organisationnels classiques, pour s’organiser et répondre à CHAQUE offensive islamophobe.

Notre méthode est de rassembler des structures qui ne se parlaient pas et de joindre des luttes qui se connectaient à peine, en posant un constat malheureusement évident aujourd’hui : nous sommes tous sous la menace d’un fascisme grandissant, menaçant particulièrement les musulmans et la jeunesse des quartiers populaires.

Alors cette campagne portera un nom, une autonomie, et un fonctionnement propre, pour rester maitresse d’un calendrier, à deux ans d’une élection présidentielle qui verra peut-être le Rassemblement National arriver au pouvoir.

Et par-dessus tout, cette campagne devra œuvrer à ce que l’antiracisme et la lutte contre l’islamophobie soient incontournables dans le débat public et médiatique. Elle doit permettre de recréer les conditions d’une mobilisation massive dans notre société, portée par les habitants des quartiers populaires. Cette campagne doit pouvoir permettre l’expression de nombreux récits et vécus, à un moment où l’invisibilisation des histoires, et des crimes coloniaux et post-coloniaux, permet à un ministre de l’Intérieur de regretter les « belles heures de la colonisation ».

Enfin, cette campagne doit permettre une clarification. Aujourd’hui, des pans entiers de notre camp restent timides face à la reconnaissance de l’islamophobie; ou pire, ils se vautrent dans l’islamophobie à la première occasion venue, par exemple en soutenant la circulaire de Gabriel Attal d’interdiction de l’Abbaya dans les lycées en septembre 2023.

Alors face aux abandons d’un État, et d’une partie de notre camp social et politique, il est temps d’organiser une révolution antiraciste, il est temps d’ouvrir la voie à une libération de la parole des musulmans, et particulièrement de la parole des femmes musulmanes qui subissent une double discrimination. Enfin, cette campagne se veut être un outil de lutte et de mobilisation unitaire pour résister face à la montée du fascisme dont « l’ennemi commun » est le musulman. Maintenant, il est temps d’agir et de tisser un réseau à travers toute la France : un réseau d’individus, d’associations, de collectifs et d’organisations, prêts à s’unir et à dépasser leurs structures respectives afin de porter cette campagne et de s’engager dans la lutte contre l’islamophobie.

Pour ne plus rien laisser passer, rejoignez la campagne Génération E.D.R : faire front contre l’islamophobie. En commençant dès ce 22 Mars, par un grand cortège contre l’islamophobie et le racisme !